Il s’agit uniquement de couper ou de fendre le bois sur toute sa longueur afin de pouvoir réaliser plusieurs arcs dans le même tronc, ou parfois seulement de limiter le temps de travail. Malgré cette apparente simplicité, une certaine expérience est nécessaire pour ne pas réduire les possibilités ou encore la puissance des arcs définitifs.
Pour les troncs de faible dimension, cette étape peut être passée, car les morceaux seraient trop fins et il ne serait plus possible de réaliser un arc.
ANALYSER LA FORME DU BOIS
Il faut d’abord analyser le tronc pour voir dans quel sens le fendre. Un arbre qui parait droit sur pied ne l’est jamais totalement !
Pour que l’arc puisse fonctionner, il faut que son centre et les deux extrémités soient sur le même axe, le reste peut onduler sans véritable incidence (bien que ce sera plus difficile par la suite).
Nous avons plusieurs astuces pour trouver le sens de coupe du bois :
– Regarder le bois depuis l’une des extrémités permet de mieux voir les ondulations du bois.
– Pour découvrir naturellement le sens le plus « logique » d’utilisation du bois, il suffit de mettre les deux extrémités du futur arc sur deux appuis (au sol et entre vos mains par exemple). Si vous le laissez bouger, les extrémités et le centre s’alignent naturellement de cette manière (cela ne fonctionne que si vous comptez ne faire qu’un ou deux arcs dans le tronc).
– La dernière solution consiste à placer une ficelle entre les deux extrémités et vérifier que le centre de l’arc se trouve bien sur cette ligne.
Lorsque vous avez le bon axe pour votre futur arc (poupées-centre), il faut alors le fendre de manière à conserver cette ligne fictive.
Il est toutefois utile de préciser qu’on peut corriger un défaut d’alignement en travaillant le bois d’un seul côté (lorsque vous affinerez en largeur).
LES OUTILS
Il vous faut quelques outils pour fendre votre tronc : une bonne masse et des coins métalliques pour fendre et ouvrir le bois (au moins 2, mais un troisième est parfois utile pour débloquer les autres).
Pour remplacer les coins, nous utilisons souvent un burin plat et large, car il entre plus aisément dans le bois (réaliser la fente) et endommage moins le bois. Un fer de hache peut aussi être utilisé.
FENDRE LE BOIS
Il faut toujours commencer par le côté le plus large de la branche, sinon, il y aura plus de risque que la fente parte de biais.
Un premier trait à la craie est parfois utile avant de commencer le travail puisqu’en frappant à la masse, le rondin peut bouger et le facteur d’arc perdre de vue l’alignement définitif.
Nous préférons réaliser une première fente sur 1 à 2 cm de profond sur toute la longueur du bois afin de donner une ligne de fracture à celui-ci.
Cette ligne de faiblesse peut aussi être réalisée à la scie circulaire, mais vous ne couperez pas forcément selon les fibres du bois.
Ensuite on repasse au même endroit de manière à ouvrir le bois en deux (faible diamètre) ou juste plus profondément. Il suffit alors de frapper fort sur le premier coin pour fendre le bois profondément en commençant toujours du côté plus large. On enfonce ensuite le deuxième coin 10-15cm plus loin, ce qui ouvre davantage le tronc et libère le premier coin… et ainsi de suite.
Si tout se passe bien, le bois se fend selon la première ligne réalisée. Sinon, il faut tenter de corriger en ouvrant à côté et en coupant les fibres de manière moins naturelle (le burin plat permet de couper les fibres également). Cela signifie souvent que le tronc est légèrement (ou fortement) tordu autour de son centre. Ce n’est pas bon signe, mais si vous arrivez à rattraper, il est possible d’en faire un arc.
Pour les bois plus « précieux » (l’if par exemple), nous préférons parfois réaliser une première fente d’un coté du rondin sur 1-2 cm, le retourner pour faire la même chose à l’opposer et entrer très progressivement en profondeur de part et d’autre afin de le fendre en deux jusqu’au centre sans le traverser avec les outils. Cette méthode plus longue offre de bons résultats et limite les pertes de matière à cause de fentes mal placées.
Une fois le morceau de bois fendu en deux, il suffit de continuer du même principe pour le refendre en 4, 6, 8… si le diamètre du tronc le permet.
La fente est rarement parfaite, la surface n’est pas plane, il y a donc une perte de matière, ce qui peut faire diminuer la puissance à l’arc (surtout si les pertes se situent au centre du bois). Donc, évitez de vouloir faire trop d’arcs avec le même tronc.
Si vraiment cela ne fonctionne pas comme désiré, abandonnez un quartier et privilégiez l’autre (ou les autres). Ce sera toujours moins de matière à retirer par la suite. D’ailleurs, en fendant les troncs en 4, nous n’arrivons généralement à réaliser que 3 arcs. En effet, il est courant qu’un des quartiers soit légèrement fissuré ou de moins grosse section. Il permettra de faire des arcs moins puissants ou servira à chauffer votre maison !
Il est possible qu’en fendant le morceau de bois, certaines contraintes internes soient relâchées et donc que le bois se courbe bien plus que la branche n’était à l’origine. Impossible à déterminer, il faut faire avec !
Dans notre exemple, une courbure est apparue à l’endroit d’un nœud (au 3/4 de sa longueur sur la photo) alors que la branche était plus droite sur les photos précédentes.
LE SCIAGE DE LONG
Si l’étape du fendage vous fait peur, ou si vous craignez de faire trop de perte, il est alors possible de scier le tronc à l’aide d’une scie circulaire, d’une scie à ruban ou d’autres scies électriques… ou en sciant de long de manière traditionnelle si vous avez quelques heures/jours à perdre.
L’avantage c’est qu’il y a souvent moins de perte de matière ou de fissures qui ne se révèlent parfois que plus tard en travaillant le bois lorsqu’il a été fendu. Toutefois, vous ne respecterait pas les fibres du bois en le sciant, ce qui peut augmenter les risques de casse si le bois est vrillé ou que les fibres ondulent.
Il s’agit donc d’une technique intéressante en cas de bois droit et sans nœuds, autrement, c’est à proscrire.
Même si la surface de découpe est plus lisse et mieux finie, vous devrez malgré tout retravailler le bois à l‘aide d’une plane afin de redécouvrir le sens naturel des fibres et leurs ondulations.
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