Le principe même du château est de permettre à un petit nombre de personnes de se défendre contre des adversaires bien plus nombreux. Il est donc important de donner une proportion entre les défenseurs et les attaquants.

 

Une très petite garnison

Lorsque l’on visite un château, on observe souvent de nombreuses meurtrières, de longues courtines, une cour intérieure. Il est certain que les courtines n’étaient pas défendues par une rangée de soldats armés, ou encore la cour bondée d’une armée prête à charger sur l’ennemi dès qu’une brèche permettait à l’assaillant d’entrer.
C’est pourtant une idée répandue, par le cinéma peut-être. Mais dès lors que l’on prend conscience que seulement quelques dizaines d’hommes composaient la garnison d’un château, l’architecture défensive prend tout son intérêt ! Et l’on ne peut que s’émerveiller de l’ingéniosité des moyens utilisés.

 

Les villageois à la rescousse !

En ce qui concerne les défenseurs toujours, il faut parler des villageois qui sont bien souvent utiles à la défense. Inutile d’être armé pour jeter des cailloux par les mâchicoulis, les assommoirs ! Ils seront aussi très utiles à créer des tranchées, réaliser des palissades. De même, les métiers du bâtiment seront très utiles : les charpentiers construisent les hourds, les tailleurs de pierres s’empressent de façonner des boulets.
On pouvait utiliser les hommes pour les combats ; ils s’armaient alors souvent de leurs outils. Il n’est pas rare d’entendre parler des femmes utilisant les machines à contrepoids telles la bricole et la pierrière. C’est d’ailleurs par un boulet tiré d’une machine, maniée par des femmes, que Simon de Montfort reçut le coup de grâce.

 

Peu de chiffres précis

Peu de chiffres concernant les armées sont donnés dans les textes anciens, et encore, il faut croire que l’on ne mobilise pas la totalité d’une armée pour attaquer un château. De plus, les chiffres sont parfois augmentés par les chroniqueurs afin de donner l’impression d’un exploit exceptionnel, d’une victoire héroïque !
Cependant, il faut ajouter les renforts possibles d’autres seigneurs qui peuvent augmenter la garnison (s’ils arrivent à temps !), mais aussi l’armée d’assaillants. Sans parler des mercenaires…

 

Des chiffres

Malgré toutes ces remarques, il est possible de se faire une idée des effectifs de chaque camp grâce à quelques textes (villageois non inclus) :

 

Au XI – XIIe siècle

ARMÉE

L’armée de Guillaume le Conquérant comprend moins de 7000 hommes contre 8000 pour Harold.

GARNISON

La base royale principale de Gisors (40000 m²) abritait au maximum 1000 hommes.

 

Au XIIIe siècle

ARMÉE

L’armée royale comporte 3000 hommes (dont 500 à cheval) renforcés par les contingents féodaux.

GARNISON

Carnavon (6000 m²) : 40 hommes, dont 10 arbalétriers.
Conway (2700 m²) : 30 hommes.
Gand : 112 hommes.
Château-Gaillard (1èr forteresse contre les Français) : 200 hommes.
Montereau : 20 sergents & 10 archers
Gisors : 18 archers + 8 (pour 17 jours)

 

Au XIVe siècle

ARMÉE

Un comte: 120 à 240 hommes
Un petit seigneur : 30 à 60 hommes (nombres répartis en plusieurs châteaux et parfois avec le roi)
Les contingents féodaux rassemblent 2175 hommes dont le tiers ou le quart sera apporté au roi si besoin.

GARNISON

Il y a rarement plus de 100 hommes pour défendre un château.
Caen (ville et château) : 16 hommes, dont 10 arbalétriers.
Boulogne : 25 arbalétriers à pied.
Siège de Fougère : 600 hommes, dont 150 pour le château, 250 pour la ville et le reste en réserve.
Pierrefonds : il faut 200 hommes pour garnir complètement le château (mais était-ce le cas ?)

 

Le siège d’Orléans (1428-29)

3500 attaquants contre 1000 défenseurs (sur 10 000 habitants) pour 240 000 m² !

 

La guerre de Cent Ans

ARMÉE

Les « grandes compagnies » sont payées par le roi et le pillage, remplaçant en partie l’armée féodale.
Une aide permanente au roi (armée) est organisée et comporte 8000 cavaliers et 8000 archers (armée sans égale).

GARNISON

Il suffit de 25 hommes pour défendre le château royal de Houdan.
L’aide permanente au roi peut également défendre les châteaux.

 

 

 

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