Le tonnelon est un nom générique donné à différentes machines de siège permettant d’élever des soldats à la hauteur des murs ou au-dessus. Il pouvait s’agir de tonneaux placés au bout d’une perche (d’où le nom), mais aussi de systèmes plus complexes permettant de lever une dizaine de soldats en même temps.
Histoire *
Le tonnelon a vraisemblablement été utilisé à partir de la seconde moitié du XIIe siècle, au moment où le siège technique est redécouvert.
Utilisation
Cette machine simple élève les assaillants à plusieurs dizaines de mètres de haut pour plusieurs raisons :
- Observer ce qui se passe à l’arrière des fortifications, extrapoler le nombre de défenseurs, déterminer la position d’une machine de siège devant être détruite, identifier un point faible de la fortification ou une cible particulière.
- Pour faciliter la démolition des parties en bois situées en haut des fortifications (hourds). Il sera plus simple d’y mettre le feu en étant à leur hauteur.
- Monter des hommes à la hauteur de meurtrières afin de tirer sur les défenseurs ou d’y placer des matières incendiaires ou de la paille humide. En y mettant le feu, une épaisse fumée se dégageait et obligeait les défenseurs à sortir s’ils s’étaient enfermés dans une tour par exemple.
- Pour élever un archer au-dessus des murs et lui permettre d’attaquer les soldats à l’intérieur du château. En effet, les défenseurs n’étaient souvent que quelques dizaines, la moindre victime avait un effet significatif sur la défense de la place.
- Pour élever quelques dizaines de soldats à la hauteur des murs durant l’assaut.
- Les textes anciens décrivent l’attaque de pont-levis à l’aide de cet engin. Les utilisateurs devaient alors tenter d’abaisser le pont afin de laisser entrer les alliés. Si le courageux utilisateur réussissait, il avait alors un droit de primauté sur le pillage.
On peut penser qu’une machine permettant d’élever un homme au-dessus des murs avait peu d’intérêt… Il n’en est rien ! Bien utilisé, le tonnelon peut avoir une fonction stratégique. Pour ouvrir un pont-levis, par exemple, mais aussi lors de l’assaut, un archer situé sur une face non attaquée du château pourra tirer de flanc ou de revers sur les défenseurs.
Principe de protection
Les utilisateurs étaient vraisemblablement laissés sans véritable protection, à la vue de tous (cibles faciles). Il est toutefois probable que des versions plus hautes avec des meurtrières protégeaient plus efficacement les assaillants.
De même, le tonnelon pouvait être fixé à un chat afin de se déplacer avec plus de sécurité.
Forme générale
La forme de base du tonnelon est simplement un tonneau tenu au bout d’une perche mobile ayant un contrepoids ou un cabestan pour la soulever. La perche repose en son centre sur un poteau fixe. Cette version très simple est aussi appelée « chatte » ou « cigogne ».
Variantes formelles
Il existe de nombreuses variantes ou d’autres systèmes de levage :
- Le tonneau est parfois remplacé par une nacelle plus large pouvant élever plusieurs soldats.
- Intégré à un chat, le tonnelon devient alors un engin mobile permettant d’abriter des soldats et de les soulever au-dessus des murs (archers ou attaquants).
- Des images anciennes illustrent une sorte de char ayant une perche mobile et un mat vertical central fixe. Les deux ont une nacelle fixée à l’extrémité. Une poulie fixée sur le mat central permet à un treuil de faire bouger la perche mobile.
- Certaines images anciennes illustrent aussi un large tonnelon pouvant accueillir une bonne dizaine de soldats. Il est posé sur deux doubles pieds retenus entre-deux par un axe de telle sorte qu’en resserrant les pieds au moyen d’un treuil, la nacelle se lève jusqu’au niveau des remparts. On peut imaginer que la machine est très haute puisqu’il a fallu assembler plusieurs pièces de bois pour former les montants principaux (on observe un assemblage de type « trait de Jupiter » renforcé par du métal).
- Sur certains dessins contemporains, les auteurs montrent un principe similaire au tonnelon, mais utilisé par les défenseurs de la place pour agripper les assaillants et les faire tomber. Le tonneau est alors remplacé par un crochet. Nous ne connaissons pas la source historique de cet engin défensif.
Moyen de déplacement *
Certains modèles sont placés sur roues pour faciliter le déplacement. Les modèles plus lourds (intégrant un chat) nécessitaient toutefois des travaux d’approche plus élaborés.
Pour les versions plus simples, le tonnelon devait être amené à proximité de la fortification (en pièce détachée peut-être) sous les tirs des défenseurs ou protégé par des travaux d’approche plus élaborés. Tant de risques pour élever seulement quelques soldats à hauteur des courtines ! Ceci nous fait donc imaginer au tonnelon un rôle plus tactique qu’offensif (abaisser un pont-levis ou autre).
Contrer le tonnelon
Dans la majorité des cas, tirer à l’arc sur les utilisateurs ou mettre le feu à la machine devait être le plus efficace. Toutefois, placer une braie devant les murs permettait aussi d’éloigner la machine et limitait donc son efficacité.