Après avoir envisagé les différentes caractéristiques qui permettent d’obtenir un arc performant, il est alors possible de déterminer plusieurs formes d’arcs performants.
Toutefois, il est important de noter que la forme des arcs doit être adaptée aux matériaux employés (un longbow composite est une aberration) et que ces matériaux sont traditionnellement employés en fonction du climat local. En effet, les colles anciennes (pour les composites ou les backing) étaient diluées à l’eau et ne pouvaient être employées qu’en climat sec ou en saison sèche.
LES ARCS ORIENTAUX
Les arcs orientaux ont toutes sortes de formes, mais sont généralement reflex (à la poignée ou aux branches) et avec siyahs. Il s’agit de l’arc qui offrira les meilleures performances avec ses formes très recourbées allant parfois jusqu’à croiser ses branches lorsqu’il est débandé. Ceci permet de stocker beaucoup d’énergie (30-40% plus qu’un longbow). Toutefois, le band est souvent plus important.
Cette forme permet donc de stocker le maximum d’énergie (pour un arc traditionnel), toutefois, les contraintes internes sont telles que ces arcs sont impossibles en bois uniquement et impliquent un assemblage composite mettant en œuvre des matériaux plus lourds qui restitueront moins d’énergie (perte à ce niveau). Pour cette raison, il est important que les branches soient courtes (partie avec corne et tendon) et que les siyahs soient assez fins et de préférence en bois ou en matériau léger.
L’ ARC COURT RECURVE AVEC BACKING
L’arc court (55″ à 65″) recurve (idéalement avec un léger reflex des branches ou de la poignée) constitue la forme la plus efficace pour un arc en bois avec backing. Trop grand, le tendon lui ferait perdre trop de rapidité.
Les arcs recurve sont toutefois plus bruyants du fait que la corde touche le bois et moins précis que les arcs droits.
L’ ARC EN BOIS A CONTRE-COURBURE
Appelé souvent reflex-deflex (en réalité recurve-deflex), il a la forme stockant le plus d’énergie pour un arc en bois (sans backing). Un recurve bien étudiée permet d’éliminer largement la perte du deflex. Le deflex, quant à lui, évite de trop solliciter l’arc, l’empêche de casser.
Lors du tillering, un arc droit prend toujours un suivi de corde (parfois d’une dizaine de centimètres), l’arc à contre-courbure est donc réalisé en recourbant les extrémités des branches, le deflex venant naturellement lors du tillering.
Le recurve nécessite toutefois d’épaissir le bout des branches, un arc deflex-recurve de taille moyenne sera donc préférable afin de restituer le maximum d’énergie sans risquer la casse.
L’ ARC EN BOIS REFLEX
L’arc reflex sera préférable à l’arc droit, car il stocke plus d’énergie, mais aussi, moins de matière est nécessaire pour atteindre la force désirée, ce qui se traduite par une diminution du poids de l’arc (meilleure restitution de l’énergie). Cependant, pour un reflex important, peu de bois sont assez élastiques et résistants à la compression. Pour les arcs puissants, il sera souvent nécessaire d’agrandir l’arc ce qui fait perdre, en partie, l’intérêt du reflex.
LE LONGBOW MEDIEVAL
Les longbows retrouvés dans la Mary Rose (généralement utilisés pour définir l’arc médiéval) sont droits, de section en D et très puissants (entre 120 et 160 livres). Vu leur puissance, un reflex trop important amènerait à la casse de l’arc, aussi seules des essences très résistantes permettent la réalisation de tels arcs (en l’occurrence, l’if).
Ils sont aussi efficaces, car ils permettent une grande allonge, un band faible, leur forme effilée est également intéressante. Leur longueur fait perdre un peu de vitesse, mais réduit les risques de casse ou de suivi de corde et les rend plus précis et confortables au tir.
La section des branches en D est moins efficace que le carré. Ceci pourrait provenir d’une raison économique : la section en D permet de réaliser le plus possible d’arcs à partir d’un tronc sans avoir besoin d’un diamètre trop excessif. Vu la demande en arc en Angleterre et le temps de pousse qu’un if, il n’est pas exagéré de penser qu’ils tentaient d’économiser la matière (puisque c’est encore ce que nous faisons maintenant lorsque l’on a de l’if !)
LE FLATBOW DE TAILLE MOYENNE
Le flatbow (reflex ou droit) est une bonne réponse pour les bois légers ou peu résistants. De longueur moyenne (65″ – 70″), il peut égaler les arcs en section D qui seront souvent un peu plus longs.
La section aplatie du flatbow permettra plus facilement de recourber légèrement les extrémités des branches (recurve), car l’épaisseur est moindre (moins de risque de casser durant le recourbement) et évite que les branches vrillent et que la corde passe à côté du bois lors du tir (très difficile de canaliser la corde sur le bois à l’endroit du recurve pour les longbows).
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Texte & schémas : Fabien Houssin (sauf dessins arcs orientaux)
