Cet article tente de retranscrire, en théorie et en pratique, notre expérience de facture d’arcs simples (en bois massif, aussi appelés «selfbows»). Nous tenterons ici de décrire avec le plus de détails possibles les différents choix en tant que facteur d’arc. Ceux-ci auront des conséquences sur l’arc, ces performances, sa résistance, sa forme…
Nous décrirons donc les différentes étapes de la facture d’arcs dans l’ordre chronologique… du choix de l’arbre jusqu’à l’arc fini. Toutefois, certaines étapes peuvent être interverties (le séchage du bois par exemple) ce qui peut parfois modifier l’aspect final de l’arc. Il s’agit toutefois, selon nous, de l’ordre idéal pour réaliser un arc ou simplement l’ordre que nous préférons.
Chaque étape se structure en décrivant premièrement les questionnements plus théoriques. Il se terminera par quelques photos de la réalisation des deux arcs décrits dans l’article précédent de manière plus succincte. Nous conserverons les mêmes titres afin de faciliter le parallèle entre les deux différents documents.
Tout comme dans l’article précédent, nous partirons donc d’un même tronc. Nous le couperons en deux pour faire d’un côté un longbow médiéval (type anglais) et de l’autre, un flatbow préhistorique (de type Holmegaard).
Les outils médiévaux (plane) seront principalement utilisés, mais les outils modernes (électriques) ou préhistoriques (silex) sont possibles également…
Il peut aussi être utile de se rappeler les différentes formes d’arcs traditionnels et leur performance afin de mieux comprendre ce texte.
Le but de ce document est donc bien de partager nos expériences en matière de facture d’arc. D’autres personnes pourront donc procéder de manière différente avec autant de résultats.
Nous devons toutefois attirer l’attention sur le fait qu’il existe de nombreux point de vue ou « mythes » concernant la facture d’arc. Loin de nous l’idée de dire que les autres ont tort, mais simplement que c’est de cette manière que l’on procède.
Aussi, nous aimons tenter et nous faire notre propre idée… Forgez-vous votre avis en vous laissant tenter par la facture d’arc, quitte à fabriquer du bois pour le feu à vos débuts.
Un lecteur nous a signalé qu’il pourrait être utile de séparer la réalisation des flatbows et des longbows. Toutefois, comme 95% des explications sont communes aux deux types d’arcs, nous avons mis en vert les passages concernant les longbows et en violet les flatbows (en noir ce qui est commun). De cette manière, le lecteur pourra choisir de lire les informations qui lui semblent les plus utiles. Nous mettrons aussi en évidence les différences entre ces deux types d’arcs.
En espérant que ce texte apportera des réponses et ouvrira la voie vers quelques tentatives fructueuses de la part du lecteur…
Il existe plusieurs manières de commencer un arc :
- Choisir une branche pour sa forme ou son essence et tenter d’en faire l’arc le plus approprié, le plus efficace selon le potentiel du bois.
- Choisir une forme d’arc que l’on aimerait utiliser et rechercher la branche qui le permettra.
Dans les deux cas, le choix de l'arbre est primordial, car il détermine la forme et la puissance de l’arc définitif, mais aussi parfois la manière de le façonner.
La coupe de l’arbre n’est pas l’étape la plus importante dans la fabrication de l’arc. Il est toutefois nécessaire de prendre des précautions de sécurité, mais aussi d'éviter que le bois se fendre en tombant. Ceci peut réduire les possibilités ultérieures ou même rendre le bois inutilisable pour en faire un arc.
Il s’agit uniquement de couper ou de fendre le bois sur toute sa longueur afin de pouvoir réaliser plusieurs arcs dans le même tronc, ou parfois seulement de limiter le temps de travail. Malgré cette apparente simplicité, une certaine expérience est nécessaire pour ne pas réduire les possibilités ou encore la puissance des arcs définitifs.
L’écorçage peut paraitre anodin. En effet, qui, étant enfant, n’a pas tenté d'écorcer un morceau de bois. La technique n’est pas très compliquée, bien qu’il soit important de ne pas entamer l’aubier (première couche de bois).
Malgré tout, la manière et le moment d’enlever l’écorce ont une influence indéniable sur l’esthétique du futur arc. De ce point de vue, il pourrait s’agir de l’étape la plus importante de la facture d’arc.
Il existe deux types de facteurs d’arc :
- Ceux qui travaillent de manière géométrique, en prenant des mesures le long des branches pour s’assurer que la forme est constante.
- Ceux qui travaillent au feeling, à l’œil.
Dans les deux cas, il sera nécessaire d’imaginer la forme générale de l’arc avant de commencer à retirer de la manière aux branches afin d’obtenir les meilleures performances.
Le dégrossissage est peut-être l’étape la plus impressionnante en public, car en une demi-heure, le morceau de bois ressemble à un arc.
En réalité, il s’agit de retirer toute la matière inutile qui « cache » notre futur arc, retirer le bois autour de l’esquisse réalisée précédemment tout en laissant une marge d’erreur nécessaire.
Le séchage du bois est une étape essentielle pour la facture d’arc, car avant celle-ci l’arc ne devra pas être bandé ni armé sous peine de perdre en efficacité. C’est donc une étape charnière, mais qui peut être déplacé à différents moments de la réalisation de l’arc.
Cette étape n’est pas absolument nécessaire puisqu’il est possible de démarrer l’équilibrage directement avec le matériel prévu à cet effet. Malgré tout, un premier test au sol permettra de se faire une idée rapide de la puissance de l’arc et du travail qu’il reste à réaliser.
Le tillering est l’étape la plus importante dans la facture d’arc, celle qui transforme le bâton (qui ressemble à un arc) en un véritable arc fonctionnel capable de tirer sans casser malgré les traces d’outils apparentes. Pour certains facteurs d’arc, il s’agit donc de l’unique étape de la facture d’arc. En effet, dans le cas de bois industriels, à l’exception du choix de la planche, aucune des étapes précédentes n’est utile pour réaliser un arc simple fonctionnel !
Maintenant que l’arc est fonctionnel, vous pourriez avoir envie de le rendre plus agréable, de le personnaliser ou encore d’améliorer sa durée de vie. C’est désormais le moment de parachever votre arc !
Il faudra en effet réaliser des poupées définitives pour l’arc, mais aussi le poncer, le protéger de la pluie…
Nous vous invitons à nous envoyer un message si vous avez des compléments, des questions ou des solutions alternatives à partager. Nous pourrons les ajouter comme commentaire dans le texte également.
Texte : Fabien Houssin