L’équilibrage… Il s’agit ici de transformer le morceau de bois en arc. Pour certains, il s’agit donc du seul véritable travail du facteur d’arc : équilibrer les branches afin qu’elles se plient suivant la courbe la plus idéale et rendre l’arc le plus performant possible ; ce qu’on appelle généralement « tillering ».
À la fin de cette étape, l’arc peut être utilisé, toutefois, nous préférerons le terminer parfaitement.
ÉTAPE 8 – LE TILLERING AU SOL (équilibrage au sol)
L’arc peut maintenant être recoupé à sa mesure définitive ou presque. Il est parfois utile de laisser quelques cm de plus afin de pouvoir rectifier la puissance à la hausse par la suite.
La poignée du flatbow peut être travaillée plus en détail.
Pour le flatbow, dès la fin de la poignée, l’épaisseur doit diminuer sur 5-10 cm (voir les flèches). Ensuite, la branche a une épaisseur presque constante.
Le bois vert garde la forme lorsqu’il est mis en flexion. Maintenant qu’il est sec, nous pouvons commencer à le faire plier au sol. Ici, il est bien trop dur pour plier.
Il faut donc retirer de la matière sur les branches afin que chacune d’elles plie légèrement (arc puissant- 60-80 livres) ou facilement (arcs légers 30-40 livres).
Nous regardons si les branches fléchissent sur toute leur longueur et qu’elles plient autant l’une que l’autre. Le principe d’équilibrage est le même pour le longbow et le flatbow. Le bois doit pouvoir plier sur 10cm au moins pour pouvoir passer à l’étape suivante.
Ici, nous avons choisi une section de branche ovale (bords arrondis). Toutefois, il est possible de réaliser un arc avec le ventre plat (section en demi-lune) ou encore de section rectangulaire si on recoupe les fibres du dos de l’arc (plus de risque de casse).
Pour le longbow, une section en « D » a été choisie (dos presque plat et ventre arrondi) comme les arcs de la Mary Rose. Toutefois, en travaillant le ventre plat, on obtient une section carrée, légèrement plus efficace.
ÉTAPE 9 – LE TILLERING (équilibrage)
Une corde résistante, l’arc et 2 barres de tillering différentes. Il s’agit d’une barre avec des entailles espacées de 1 ou 2 pouces sur toute la longueur. À l’avant-plan, la barre possède un étrier afin d’éviter de marcher sur l’arc pour l’armer.
LE TILLERING DU FLATBOW
Un enroulage temporaire de ficelle collée permettra de placer une corde sur l’arc en devenir. Ceci permet de laisser l’arc vierge de toute entaille par la suite.
Il est aussi possible de placer des manchons en cuir au bout de la corde, ceci permet alors d’éviter de réaliser des poupées temporaires.
Pour commencer, nous plaçons une corde lâche (plus grande que nécessaire). Comme l’arc est légèrement reflex, il est utile de la maintenir avec un sert-joint pour éviter qu’il tourne.
Le bois n’étant pas parfaitement droit, il faut garder en mémoire les courbes naturelles pour la suite du travail.
En tendant légèrement la corde, nous nous apercevons qu’une branche plie plus que l’autre. Puisque l’on ne peut pas ajouter de matière, il faut alors retirer des copeaux de bois du côté qui ne plie presque pas.
Afin de se rappeler où on doit travailler et où il ne faut absolument pas toucher, il est parfois utile de s’inventer un code que l’on trace sur le bois lors de l’équilibrage.
Ça commence à s’améliorer, toutefois, le bout des branches ne plie pas assez (presque droite), la courbure principale est à leur base (proche de la poignée). Il faut donc retirer de la matière sur le reste des branches.
L’arc semble désormais plier suffisamment pour y placer une corde à la bonne mesure, même si les branches ne sont pas totalement équilibrées. Il est important de tendre la corde progressivement au cours des différentes étapes pour éviter de créer un pli à un endroit précis de l’arc (irréversible).
Voilà donc l’arc avec une corde à mesure. Il n’est pas encore prêt à tirer, mais si la courbure est correcte avec une corde lâche, il ne restera plus que quelques ajustements par la suite.
Après quelques ajustements, l’arc prend une bonne courbure. Dans le cas d’un flatbow, la poignée ne plie pas généralement. Il faut donc répartir la flexion (et donc les contraintes) sur le maximum de surface de la branche… depuis la base de la poignée jusqu’aux extrémités (qui ne plient toutefois jamais autant).
Après avoir testé la puissance avec un peson, nous nous rendons compte qu’il ne fait que 40-45# au lieu de 50#@28’’ souhaitées ! Pas possible d’ajouter du bois, il faut recouper l’arc en longueur. Toutefois, avant cela, des poupées temporaires sont réalisées pour tester.
Après quelques modifications suite à la différence de longueur, nous obtenons 52#@28’’. Toutefois, par sécurité, il est testé sur la photo à 30’’ d’allonge.
La courbure est uniforme à l’exception d’un léger angle naturel à l’endroit d’un nœud qu’il a fallu prendre en compte durant le tillering.
Nous recoupons l’arc à la mesure et retirons les poupées temporaires.
On peut désormais considérer que l’arc est terminé. Avec des poupées, il pourrait tirer même si des coups d’outils ou des traits de crayon restent visibles.
LE TILLERING DU LONGBOW
Une double entaille latérale est réalisée sur le longbow pour débuter le travail. Ces entailles seront ensuite retaillées au fil du travail et/ou cachées dans les futures cornettes.
L’enroulage de corde peut tout autant convenir, c’est d’ailleurs ce choix qui sera pris par la suite.
Voici le longbow avec une corde détendue.
À l’envers du nœud visible sur le flatbow, un angle est clairement visible sur cet arc. Ceci rend l’équilibrage plus difficile (à prendre en compte durant tout le travail). À éviter pour les débutants.
Le flatbow montrait l’exemple d’un tillering facile (sans trop de complications). Ici, on voit directement que le bois plie trop sous la poignée. Impossible d’ajouter de la matière… il faut retirer partout ailleurs, ce qui fait directement chuter la puissance de l’arc. Ceci est la conséquence d’une fente incontrôlée lors du fendage du bois.
L’arc plie de manière plus homogène tout au long des branches, même si on aperçoit toujours l’angle au milieu d’une branche.
L’arc ne plie pas encore assez aux extrémités des branches, légère adaptation qui lui fera encore perdre quelques livres de puissance. Le pli important près de la poignée au début du tillering avait déjà fortement diminué la puissance, au point d’il n’a que 35#@28’’. Il faudrait certainement réduire l’arc de 30cm pour arriver à 50# (risque important de casse). L’autre solution serait de recourber le bout des branches (risque de casse également).
Le longbow plie différemment du flatbow : il fléchit à la poignée. Toutefois, il est utile de limiter la flexion à cet endroit afin de limiter le choc lors du tir (réduction de la précision et tir moins agréable).
ÉTAPE 10 – LES FINITIONS
Si les arcs peuvent tirer sans finitions particulières, la plupart d’entre nous préféreront poncer l’arc pour retirer les coups d’outils (légers avec la plane), adoucir les arêtes et avoir une surface plus douce au toucher.
L’arc peut ensuite être passé à l’huile de lin (en plusieurs couches) pour le protéger de l’humidité et faire ressortir les veines du bois. Une couche de graisse ou de cire peut aussi parfaire cette protection.
Le vernis est aussi une solution plus moderne et nécessitant moins d’entretien.
Le longbow huilé également.
Des fibres de chanvre sont enroulées et collées autour du bois pour réaliser une poupée très efficace (légèreté et solidité du bois). Il peut aussi s’agir de tendon ou d’autres fibres animales ou végétales.
Les cornettes sont souvent placées aux extrémités des longbows. Il faut alors adapter l’extrémité des branches à la corne, ce qui prend du temps.
(photo & réalisation Marc Aronowiez)
Une poignée en cuir peut être placée également.
Attention toutefois que la flèche passe toujours 1 pouce au-dessus du centre de l’arc. La poignée doit être placée en conséquence !
(photo & réalisation Marc Aronowiez)
— Merci à Marc pour sa confiance et pour les dernières photos Les Barbillons du Val des Sacres- Blog et facebook
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Texte, réalisation & photos : Fabien Houssin (sauf indication contraire)
