Nous reprenons dans cet article l’ensemble de la fabrication du longbow, même si certaines images sont commune avec la réalisation du flatbow également.
ÉTAPE 1 – LE CHOIX DE L’ ARBRE
Nous choisissons un frêne poussant sur un talus routier. Le terrain est peu riche et l’arbre à peu de lumière (au milieu des autres arbres), ce qui le fait pousser plus lentement et de manière plus droite avec moins de nœuds.
Celui de droite semble convenir, droit sur plus de 2mètres, sans trop de nœuds. Un diamètre de 10 cm… Suffisant pour le fendre en 2 et en retirer 2 arcs.
ÉTAPE 2 – LA COUPE DE L’ ARBRE
Nous avons donc coupé le tronc à sa base pour l’abattre. Nous le recoupons ensuite de manière à obtenir un rondin de plus de 2m. Le reste de l’arbre pourra servir à fabriquer d’autres arcs avec toutefois plus de nœuds et de courbes.
ÉTAPE 3 – FENDRE LE BOIS
Il faut prendre le rondin de manière à trouver le sens correct pour le fendre.
Une fois fendu, le bois doit permettre de réaliser un arc dont les deux extrémités et le centre de la poignée se situent sur une même droite.
Pour fendre le bois, une masse et deux coins seront nécessaires. Toutefois, dans ce cas, nous remplaçons les 2 coins par des burins (plats) plus faciles à enfoncer dans le bois. Un fer de hache peut aussi être utilisé.
Une première fente sur quelques centimètres de profondeur permet de marquer une ligne de fissure et offre aussi un repère visuel pour la suite
Le premier burin fend le bois en profondeur, le second ouvre plus loin et libère le premier … et ainsi de suite…
Le rondin est désormais fendu en 2 quartiers, prêts à être travailler. Pour des diamètres plus importants, il est possible de refendre encore en 2, 3 ou plus de quartiers pour faire plus d’arcs encore.
ÉTAPE 4 – L’ÉCORÇAGE
Selon les espèces de bois et s’il est gorgé d’eau, il est alors parfois possible d’éplucher l’écorce en tirant dessus avec les mains. Toutefois, aux nœuds, cela devient souvent difficile ou impossible.
Si l’épluchage n’est pas possible, alors il faut utiliser votre plane pour la première fois. Retirer juste l’écorce et pas les couches inférieures plus dures (aubier). Dans ce cas, nous utilisons l’établi Froissart, mais certains préfèreront un banc d’âne ou un établi plus moderne.
L’établi et la plane serviront pour les étapes suivantes jusqu’à la fin du tillering.
ÉTAPE 5 – IMAGINER LA FORME DU LONGBOW
Le bois est recoupé 10 à 20 cm plus long que l’arc définitif. Le centre (poignée) est tracé également. Il est utile de tracer une ligne marquant l’axe longitudinal de l’arc.
ÉTAPE 6 – LE DÉGROSSISSAGE
Nous retravaillons à la plane la surface fendue (retirer les éclats de bois) afin de vérifier qu’il n’y a pas de fissures profondes. Ensuite, il faut recouper les côtés du futur arc en affinant petit à petit vers le bout.
La plane suit assez naturellement les ondulations du bois. Avec d’autres outils, il est nécessaire de faire encore plus attention.
Voilà le longbow dégrossi. Les extrémités des branches partent en s’affinant en épaisseur et en largeur.
ÉTAPE 7 – LE SÉCHAGE
Avant de faire sécher l’arc, nous contraignons le bois sur des formes courbes afin que le longbow ait une forme réflexe plus efficace (courbe dans le sens opposé à la corde).
Il sera placé dans un espace chauffé afin de le faire sécher plus rapidement.
Après quelques années, quelques mois, quelques semaines (selon l’endroit où vous les laissez sécher et surtout la température et l’hygrométrie ambiantes), nous retirerons les arcs de la forme courbe. Dans notre cas, 2-3 semaines ont suffi.
ÉTAPE 8 – LE TILLERING AU SOL
Le longbow peut maintenant être recoupé à sa mesure définitive ou presque. Il est parfois utile de laisser quelques cm de plus afin de pouvoir rectifier la puissance à la hausse par la suite.
Le bois vert garde la forme lorsqu’il est mis en flexion. Maintenant qu’il est sec, nous pouvons commencer à le faire plier au sol. Ici, il est bien trop dur pour plier.
Il faut donc retirer de la matière sur les branches afin que chacune d’elles plie légèrement (arc puissant- 60-80 livres) ou facilement (arcs légers 30-40 livres).
Nous regardons si les branches fléchissent sur toute leur longueur et qu’elles plient autant l’une que l’autre. Le bois doit pouvoir plier sur 10cm au moins pour pouvoir passer à l’étape suivante.
Une section en « D » a été choisie (dos presque plat et ventre arrondi) comme les arcs de la Mary Rose. Toutefois, en travaillant le ventre plat, on obtient une section carrée, légèrement plus efficace.
ÉTAPE 9 – LE TILLERING DU LONGBOW
Une corde résistante, l’arc et 2 barres de tillering différentes. Il s’agit d’une barre avec des entailles espacées de 1 ou 2 pouces sur toute la longueur. À l’avant-plan, la barre possède un étrier afin d’éviter de marcher sur l’arc pour l’armer.
Un enroulage temporaire de ficelle collée permettra de placer une corde sur l’arc en devenir. Ceci permet de laisser l’arc vierge de toute entaille par la suite.
Il est aussi possible de placer des manchons en cuir au bout de la corde, ceci permet alors d’éviter de réaliser des poupées temporaires.
Une double entaille latérale peut également convenir.
Pour commencer, nous plaçons une corde lâche (plus grande que nécessaire). Comme l’arc est légèrement reflex, il est utile de la maintenir avec un sert-joint pour éviter qu’il tourne.
Le bois n’étant pas parfaitement droit, il faut garder en mémoire les courbes naturelles pour la suite du travail : à l’envers d’un nœud, un angle est clairement visible sur cet arc. Ceci rend le tillering plus difficile (à prendre en compte durant tout le travail). À éviter pour les débutants.
En tendant légèrement la corde, on voit directement que le bois plie trop sous la poignée. Impossible d’ajouter de la matière… il faut retirer partout ailleurs, ce qui fait directement chuter la puissance de l’arc. Ceci est la conséquence d’une fente incontrôlée lors du fendage du bois.
Afin de se rappeler où on doit travailler et où il ne faut absolument pas toucher, il est parfois utile de s’inventer un code que l’on trace sur le bois lors du tillering.
Le longbow plie de manière plus homogène tout au long des branches, même si on aperçoit toujours l’angle au milieu d’une branche.
L’arc ne plie pas encore assez aux extrémités des branches, légère adaptation qui lui fera encore perdre quelques livres de puissance. Le pli important près de la poignée au début du tillering avait déjà fortement diminué la puissance, au point d’il n’a que 35#@28’’. Il faudrait certainement réduire l’arc de 30cm pour arriver à 50# (risque important de casse). L’autre solution serait de recourber le bout des branches (risque de casse également).
Le longbow doit plier légèrement à la poignée, mais moins qu’aux branches afin de limiter le choc lors du tir (réduction de la précision et tir moins agréable).
ÉTAPE 10 – LES FINITIONS
Si les arcs peuvent tirer sans finitions particulières, la plupart d’entre nous préféreront poncer l’arc pour retirer les coups d’outils (légers avec la plane), adoucir les arêtes et avoir une surface plus douce au toucher.
Le longbow peut ensuite être passé à l’huile de lin (en plusieurs couches) pour le protéger de l’humidité et faire ressortir les veines du bois. Une couche de graisse ou de cire peut aussi parfaire cette protection.
Le vernis est aussi une solution plus moderne et nécessitant moins d’entretien.
Les cornettes sont souvent placées aux extrémités des longbows. Il faut alors adapter l’extrémité des branches à la corne, ce qui prend du temps.
(photo & réalisation Marc Aronowiez)
Une poignée en cuir peut être placée également.
Attention toutefois que la flèche passe toujours 1 pouce au-dessus du centre de l’arc. La poignée doit être placée en conséquence !
(photo & réalisation Marc Aronowiez)
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