Dans cet article, nous découvrirons l’évolution des techniques de siège au Moyen Âge. Nous verrons l’importance des techniques romaines et leur redécouverte au XIIe siècle, le changement des pratiques au début du Moyen Âge, mais aussi la révolution de l’artillerie à feu au XVe siècle.
Pour comprendre les évolutions historiques, il est utile de décrire rapidement les étapes classiques du siège que nous décrirons plus en détail dans le chapitre suivant :
• Le blocus, qui sert à éviter que les assiégés sortent de la place forte ou qu’ils soient aidés par l’extérieur.
• Les travaux d’approche qui consistent à fabriquer des éléments de protection afin de s’approcher de la fortification en sécurité (tranchées, palissade, machines…)
• L’affaiblissement des défenses : la destruction des éléments d’attaque ou réaliser une brèche
• L’assaut… juste le moment de l’attaque pour tenter de prendre la place forte.
L’influence de la poliorcétique romaine sur le Moyen Âge repose sur deux faits consécutifs : au XIIe siècle, la fortification de pierre fait sa réapparition, les techniques de siège ne sont plus appropriées. Les acteurs de l’époque trouvent des solutions, entre autres, dans les traités romains, adaptés aux forteresses de pierre. Découvrons donc rapidement cette fameuse poliorcétique romaine, plus technique et efficace…
Le Haut Moyen Âge est l’époque que les Anglais appellent « sombre » (« dark ages ») comme si les lacunes archéologiques ou le manque de document nous empêchent de mettre en lumière les différentes pratiques. Il semble toutefois que les techniques de siège romaines s’oublient siècle après siècle face à une architecture militaire très différente. La période féodale hérite donc d’un art du siège plus rudimentaire et rapide.
Le XIIe siècle marque le retour de l’architecture militaire de pierre. Dans un premier temps, ces nouvelles forteresses sont pratiquement imprenables avec les techniques de sièges de l’époque ou uniquement avec de très grandes pertes. Il faudra alors redécouvrir la poliorcétique romaine pour enfin rééquilibrer les forces, même si la fortification continuera de se perfectionner durant les siècles suivants.
La poudre noire sera d’abord utilisée pour aider le siège sans le transformer véritablement. Toutefois, ce qui marquera un changement important dans les techniques de siège, ce sera l’utilisation de boulet de fonte envoyé avec puissance sur les murailles. Celles-ci ne résisteront pas aux coups rasant et précis des canons dès la deuxième moitié du XVe siècle. Ce sera la fin du siège médiéval et le début d’une nouvelle ère…
Texte : Fabien Houssin
Illustration principale : VIOLLET-LE-DUC E., Histoire d’une forteresse, éd. P. Mandaga, Bruxelles, 1972, p.177