Si l’on peut encore voir, de nos jours, des châteaux du Moyen Âge, il est plus difficile de se faire une idée des techniques de sièges de cette époque. Cet article a donc pour but de donner un éventail des possibilités pour assiéger une place forte.
Nous verrons ici en détail les différentes étapes du siège technique depuis les travaux de fortification du camp des assaillants jusqu’à l’assaut… ce que nous appelons le « siège en règle » (dans les règles de l’art !)
Le siège technique disparaît avec l’Empire romain d’occident, il faudra attendre le XIIe siècle pour qu’il soit redécouvert (avant cette date, l’assaut est presque la seule technique). Le siège d’une place forte se divise en quatre phases : le blocus, les travaux d’approche, l’affaiblissement des murs et des défenses, et enfin l’assaut.
Mais cela reste toutefois purement théorique. En réalité, ces phases sont entremêlées et entrecoupées d’assauts et d’escarmouches ; de plus, toutes les techniques ne sont pas toujours mises en œuvre. De même, il sera parfois plus efficace d’éviter un siège par les négociations. Et lorsqu’elles n’aboutissaient à rien, la première solution envisagée sera généralement l’assaut simple à l’aide d’échelles.
Le siège technique débutait donc lorsque l’assaillant n’était pas capable de submerger le défenseur par sa supériorité numérique …
Le meilleur moyen de prendre une forteresse sera souvent d’éviter le siège et donc de gagner du temps, de l’argent et parfois d’éviter les effusions de sang. Même si ce n’était parfois qu’en cas de dernier recourt, bon nombre de places fortes sont tombées par la ruse, la trahison, ou par reddition.
Le but du blocus est de stopper tous les accès à la ville ou au château, en empêchant ainsi tout ravitaillement (eau, nourriture, flèches, matériaux…), et tout renfort venu de l’extérieur ou encore toute sortie des assiégés qui pourraient détruire les campements adverses ou appeler de l’aide. Il faut donc se protéger des deux côtés.
Les travaux d’approche permettront à l’armée des assaillants d’avancer le plus près possible du mur tout en étant bien protégé, à l’abri des projectiles lancés par les défenseurs. En effet, un minimum de pertes humaines durant la phase d’approche du mur offrira le maximum de chance de prendre la place forte durant le combat qui suivra. Les travaux les plus élaborés permettront de monter un grand nombre de soldats en haut des murs et sans en perdre!
Entrer dans la place forte avec le maximum de sécurité ne se fait pas uniquement en se protégeant par des travaux d’approche sophistiqués. En effet, arrivé en bas d’une fortification, l’ascension est très risquée : un par un à l’aide d’échelles, sous une pluie de flèches ou de cailloux… L’assaillant, pour limiter les pertes lors de l’assaut, tentera souvent de réduire les possibilités de tir des défenseurs en détruisant les éléments architecturaux permettant de se cacher.
Les murs de fortification étaient parfaitement étudiés pour subir des chocs ! Pourtant, pour faciliter grandement l’assaut, les assaillants devront tenter de les percer. Ceci permettra de faire entrer dans la fortification le maximum de soldats en peu de temps. Ils pourront alors submerger les défenseurs qui ne sont souvent que quelques dizaines de soldats. Une brèche est nécessaire et plus elle sera grande, plus les assaillants pourront s’y engouffrer rapidement.
La plupart des dispositifs précédents (blocus, approche...) ont comme but de faciliter l’assaut et de prendre le dessus sur les gardiens de la place forte. En effet, il faudra envoyer le maximum de soldats en même temps pour submerger la défense et prendre la place avec le minimum de pertes.
L’assaut est donc essentiel lors d’un siège, les étapes précédentes sont d’ailleurs souvent entrecoupées de combats et de tentatives ratées de franchir le mur. Ces échecs imposent donc de mettre en place des techniques de siège précédentes.
Texte : Fabien Houssin